Le blog a changé d'emplacement et se trouve maintenant ici :
http://blog.paulsenoi.com
Le blog de Paul Senoï
Auteur, pyromane littéraire
mardi 20 décembre 2016
dimanche 2 novembre 2014
Le poisson
Il est fabuleux de pouvoir s'absenter à soi-même, de vivre plusieurs vies, d'en laisser une en suspens tandis que l'autre suit son cours. Il n'y a pas de contradiction réelle à être engagé dans des domaines en apparence inconciliables - pendant tous ces mois, j'ai zappé ce site, Paul Senoï n'était même pas une ombre - car la réalité est multiforme, et c'est être à son image que d'être tranquillement lancé dans une voie, d'y adhérer totalement sans se soucier du reste, de ce qu'on a laissé en suspens. Vivre pleinement une vie d'homme, avec ses transitions, ses passages, ses affres, que demander de plus ? Vraiment, et contrairement à ce qu'on pourrait en penser, la soumission au réel est quelque chose d'infiniment délicieux : il ne s'agit pas d'être passif, mais d'être attentif, plongé dans le moment présent, et d'agir quand il faut, au moment opportun, quand il se présente, quand il est nécessaire, c'est presque la philosophie du samouraï.
Je n'ai pas tenu mes promesses de début d'année, de faire vivre mon écriture, et pourtant, je trouve que c'est admirable. Il n'y a pas d'autre pression que celle que je peux m'imposer à moi-même. C'est une violence de réfréner ses désirs, les insatisfactions de toute une vie, mais en reconnaissant ces désirs pour ce qu'ils sont en eux-même, une violence, en reconnaissant que le terreau dont ils sont issues (immémorial, infantile peut-être, que sais-je ?) est compromis, malsain - mais je ne voudrais pas blâmer ce qui a été vécu - on parvient à accepter et à se détacher. Là, je pense en bouddha. La patience nourrit, fortifie l'esprit, purifie l'âme torturé. Et pendant ce temps où j'étais absent de moi-même, de Paul Senoï, comme en récompense de tout ce vide par lequel je suis passé, des doutes, des gémissements de mon Moi tyrannique et profond, d'autres dimensions cachées de l'existence me sont apparus, et pas des moindres. J'y reviendrai.
J'ai vu une sorte de barrage aujourd'hui. L'eau coulait à flot, passant d'un niveau à l'autre, le remous sonore de l'eau tapissait cette journée ensoleillée d'automne. Je me sentais bien. En bon Robinson Crusoé, j'avais déjà des idées de radeau en tête, je me voyais déjà sur l'eau à me laisser porter par le courant de la rivière, à laisser la vie me surprendre. Je méditais pendant une heure à la meilleure façon de procéder. Je me triturais les méninges dans tous les sens. Je suais même à grosse goutte sous le soleil, avec la turbine qui me tient lieu de cerveau. Je m'enivrais de la puissance de mon esprit ; car d'une façon plus conceptuelle, je savais qu'il s'agissait d'utiliser la force de la rivière pour me déplacer, et je m'émerveillais de moi-même, de ma liberté, de ce que je pouvais déployer en pensée pour accomplir mon projet, toute cette ingéniosité qui bouillonnait en moi et qui allait me permettre de trouver la nourriture que je cherchais : ces paysages inconnus que poursuivait la rivière, la tranquillité du voyage sur l'eau. Puis, je me suis aperçu que depuis le début, il y avait un héron immobile sur la berge en face, beau et gracile. Il bougeait à peine. Sa présence m'intriguait beaucoup. Tout à coup, je l'ai vu plonger son bec dans l'eau, et gober le poisson qu'il attendait depuis tout à l'heure. Tout simplement. J'étais tombé sur plus malin que moi.
Je n'ai pas tenu mes promesses de début d'année, de faire vivre mon écriture, et pourtant, je trouve que c'est admirable. Il n'y a pas d'autre pression que celle que je peux m'imposer à moi-même. C'est une violence de réfréner ses désirs, les insatisfactions de toute une vie, mais en reconnaissant ces désirs pour ce qu'ils sont en eux-même, une violence, en reconnaissant que le terreau dont ils sont issues (immémorial, infantile peut-être, que sais-je ?) est compromis, malsain - mais je ne voudrais pas blâmer ce qui a été vécu - on parvient à accepter et à se détacher. Là, je pense en bouddha. La patience nourrit, fortifie l'esprit, purifie l'âme torturé. Et pendant ce temps où j'étais absent de moi-même, de Paul Senoï, comme en récompense de tout ce vide par lequel je suis passé, des doutes, des gémissements de mon Moi tyrannique et profond, d'autres dimensions cachées de l'existence me sont apparus, et pas des moindres. J'y reviendrai.
J'ai vu une sorte de barrage aujourd'hui. L'eau coulait à flot, passant d'un niveau à l'autre, le remous sonore de l'eau tapissait cette journée ensoleillée d'automne. Je me sentais bien. En bon Robinson Crusoé, j'avais déjà des idées de radeau en tête, je me voyais déjà sur l'eau à me laisser porter par le courant de la rivière, à laisser la vie me surprendre. Je méditais pendant une heure à la meilleure façon de procéder. Je me triturais les méninges dans tous les sens. Je suais même à grosse goutte sous le soleil, avec la turbine qui me tient lieu de cerveau. Je m'enivrais de la puissance de mon esprit ; car d'une façon plus conceptuelle, je savais qu'il s'agissait d'utiliser la force de la rivière pour me déplacer, et je m'émerveillais de moi-même, de ma liberté, de ce que je pouvais déployer en pensée pour accomplir mon projet, toute cette ingéniosité qui bouillonnait en moi et qui allait me permettre de trouver la nourriture que je cherchais : ces paysages inconnus que poursuivait la rivière, la tranquillité du voyage sur l'eau. Puis, je me suis aperçu que depuis le début, il y avait un héron immobile sur la berge en face, beau et gracile. Il bougeait à peine. Sa présence m'intriguait beaucoup. Tout à coup, je l'ai vu plonger son bec dans l'eau, et gober le poisson qu'il attendait depuis tout à l'heure. Tout simplement. J'étais tombé sur plus malin que moi.
vendredi 17 janvier 2014
L'écriture

C'est un livre infiniment positif et drôle, peut-être celui que j'ai pris le plus plaisir à écrire jusque-là. J'habitais Paris à l'époque, et avant de sombrer dans la dépression urbaine généralisée, que je devais fuir deux ans plus tard en courant, j'avais mis tout mon énergie, ma joie d'artiste pour qui rien n'était encore impossible, au service de ces histoires agréables, simples et lumineuses.
Si je devais me confier à la manière de Flaubert qui avouait sans honte : "Madame Bovary, c'est moi" (sans honte, parce que, tout de même, ça fait un peu tapette), je dirais à mon tour, que Joseph, personnage central de ce recueil, c'est moi. Le plombier, c'est moi. Ancien philosophe, désabusé par la pensée, par la réflexion, qui a choisi de vivre sans se prendre la tête, et de goûter aux joies simples de la vie : pour qui le plus grand bonheur, la plus grande harmonie, est de téter sa bière du soir avant de s'endormir les yeux béats et bercés par les étoiles.
Mais il faut croire que certains sont maudits, et ne peuvent prendre leur pied qu'en étant divisés, coupés du bien-être, condamnés à se torturer continuellement l'esprit, et ne pouvant renoncer à pratiquer l'impertinence la plus grande et le blasphème quotidien. Il doit certainement exister une troisième voie, entre la plomberie et la philosophie... Ne serait-ce pas, l'écriture ?
mercredi 1 janvier 2014
Ouverture du blog
En ce premier jour de l'année 2014, je prends fermement mes résolutions, et j'attaque sans tarder la création de ce blog.
J'ai choisi un cadre agréable pour le faire : je me trouve au bord d'une falaise, mon ordinateur ronronne sur mes genoux, et le soleil est radieux. Une impulsion me prend d'un coup, je décide de me lever enfin, et je crie par dessus le précipice pour me signaler au monde.
C'est fait. J'existe. Moi, Paul Senoï. J'ai pris un ton solennel, et un aigle est passé au dessus de moi. J'attends maintenant une réponse de la réalité...
Je crois qu'il est plus judicieux de revenir sur le blog, de lancer le son de ma voix dans les câbles numériques pour croiser les rétines de mes lecteurs. Ce sera plus rapide.
Je rêvais d'écrire ce blog, d'y réunir toutes mes créations littéraires, pour qu'elles cessent d'hiberner dans les tiroirs et se mettent à rayonner pour les autres comme elles l'ont fait pour moi quand je ne les avais pas encore couchées sur le papier... quand je les pensais encore silencieusement. Je troque la bougie, l'encre, le papier, contre l'écran fixe et baba de l'ordinateur. Je me mets en mode 2.0, et je fais éditer mes bouquins en numérique.
Je me proposerais bien aussi d'utiliser ce blog pour me faire l'écho de l'actualité que je scrute jour après jour... On verra si je m'y tiens. Parfois, quand je quitte le caisson noir où je m'enferme pour méditer, pour me reposer, pour écrire, je me mets à écouter la radio, j'écoute la douce musique des faits du monde, je m'ouvre à la réalité, et mon cerveau se met à mouliner. Arguments, sensations, me traversent. J'ai les tympans sensibles. Je sens quelque chose se tendre en moi, se crisper. Je suis une touche de piano que le monde a actionné, j'ai envie de réagir. Je me mets à penser à l'utilisation profitable que je pourrais faire de la cargaison de grenades (pas le fruit non) que j'ai accumulées dans mon grenier, pour mettre fin aux contradictions de notre époque, à ses récurrences ridicules, pour révéler les drames souterrains et illuminer les cieux. Je suis un sale type.
Mais à défaut, et tout de même animé d'un Idéal puissant, j'aiguise mes mots sur le papier ou je dégomme les touches de mon clavier d'ordinateur, je cherche la parole qui tranchera le noeud Gordien universel.
C'est fait. J'existe. Moi, Paul Senoï. J'ai pris un ton solennel, et un aigle est passé au dessus de moi. J'attends maintenant une réponse de la réalité...
Je crois qu'il est plus judicieux de revenir sur le blog, de lancer le son de ma voix dans les câbles numériques pour croiser les rétines de mes lecteurs. Ce sera plus rapide.
Je rêvais d'écrire ce blog, d'y réunir toutes mes créations littéraires, pour qu'elles cessent d'hiberner dans les tiroirs et se mettent à rayonner pour les autres comme elles l'ont fait pour moi quand je ne les avais pas encore couchées sur le papier... quand je les pensais encore silencieusement. Je troque la bougie, l'encre, le papier, contre l'écran fixe et baba de l'ordinateur. Je me mets en mode 2.0, et je fais éditer mes bouquins en numérique.
Je me proposerais bien aussi d'utiliser ce blog pour me faire l'écho de l'actualité que je scrute jour après jour... On verra si je m'y tiens. Parfois, quand je quitte le caisson noir où je m'enferme pour méditer, pour me reposer, pour écrire, je me mets à écouter la radio, j'écoute la douce musique des faits du monde, je m'ouvre à la réalité, et mon cerveau se met à mouliner. Arguments, sensations, me traversent. J'ai les tympans sensibles. Je sens quelque chose se tendre en moi, se crisper. Je suis une touche de piano que le monde a actionné, j'ai envie de réagir. Je me mets à penser à l'utilisation profitable que je pourrais faire de la cargaison de grenades (pas le fruit non) que j'ai accumulées dans mon grenier, pour mettre fin aux contradictions de notre époque, à ses récurrences ridicules, pour révéler les drames souterrains et illuminer les cieux. Je suis un sale type.
Mais à défaut, et tout de même animé d'un Idéal puissant, j'aiguise mes mots sur le papier ou je dégomme les touches de mon clavier d'ordinateur, je cherche la parole qui tranchera le noeud Gordien universel.
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